Les grandes étapes historiques : une valse à trois temps
1 Ouverture : des années 50 au début des années 70
L’histoire moderne de la médecine de rajeunissement et d’embellissement s’amorce véritablement dans les années cinquante. À l’époque, il existe déjà des actes chirurgicaux réservés à une élite : liftings, rhinoplasties et reconstructions mammaires. Il existe également des injections de silicone au niveau du visage. D’ailleurs, lorsque les silicones étaient pures, médicalement injectables et entre des mains expertes, elles donnaient de très bons résultats. Certains praticiens peu consciencieux et l’utilisation de produits de mauvaise qualité, auront raison des injections de silicone, qui finiront par être interdites en France, en 1998. Les peelings existent également, aux États-Unis en particulier, où ils sont pratiqués « à la dure », avec des traitements très agressifs (à base de dérivés du phénol). Ça décape fortissimo et ça concerne les visages déjà bien tassés, en particulier les peaux parcheminées par le soleil. En 1969, Bob Gore met au point le Gore-Tex® : un tissu de renforcement synthétique très solide qui constitue un implant de très bonne qualité. Il assurera une excellente technique de comblement des rides ou d’augmentation de la lèvre supérieure – encore pratiquée aujourd’hui – qui annonce le développement des alternatives au sacro-saint lifting cervico-facial. Voici donc posées les prémices d’une nouvelle médecine esthétique qui va désormais prendre son envol.
2 Crescendo : les années 80 à plein régime !
Au milieu des années soixante-dix, les sociétés de médecine esthétique émergent en Europe et aux États-Unis et se trouvent un chef d’orchestre : une fédération, pour mieux parler à l’unisson. Des congrès sont organisés, et la confrontation d’idées aboutit à une clarification des techniques. La cadence s’accélère. Le début des années quatre-vingts voit la naissance de deux nouveautés colossales : la liposuccion et le collagène. Inaugurée en 1982, c’est à Yves-Gérard Illouz que revient la paternité de la première. La même année, le collagène reçoit une autorisation de mise sur le marché en France, au même titre qu’un médicament, ce qui est très novateur. La « trouvaille » collagène va, comme à contretemps, permettre de mieux connaître le processus du vieillissement et la genèse précise des rides. Ces deux pierres angulaires de la médecine esthétique moderne sont les édifices sur lesquels elle va se construire et, surtout, se démocratiser.
À partir de maintenant, chacun va se sentir titulaire d’un droit à réparer les inégalités de naissance (une culotte de cheval indécrottable malgré les régimes et le sport à haute dose…), les dysharmonies et, surtout, le vieillissement, qui n’est plus vécu comme une fatalité. En 1985, la découverte de l’effet-jeunesse d’une crème à base de vitamine A acide (ou trétinoïne), jusqu’alors utilisée comme anti-acnéique, entraîne une ruée vers ce produit, particulièrement efficace dans la réparation des effets néfastes du soleil. Malgré l’obligation de prescription médicale, de nombreux excès causent des irritations cutanées. À la même période, c’est le docteur Zein E. Obagi, de San Diego, qui est à l’origine du fameux New Peel. Un peeling à base d’acide trichloracétique, qui brûle les rides, fait disparaître les taches et redonne de l’éclat à la peau. Les médias se saisissent de ce coup, virent parfois dans le sensationnel, ce qui a néanmoins l’avantage d’attirer l’attention sur une technique encore peu connue. Malgré certaines fausses notes, les années quatre-vingts vont donc rendre possible l’idée du « beau pour tous ». La décennie suivante va tempérer ces excès et multiplier des méthodes performantes pour les candidates au rajeunissement.
3 Le bémol des années 90 à aujourd’hui :
un rajeunissement naturel !
Ça y est : le collagène a vécu son âge d’or. Il se voit maintenant taxé de « maquillage esthétique », en référence à son efficacité particulièrement fugace de « biodégradable première génération », qui nécessite de nombreuses injections par an et n’est donc pas accessible à toutes les bourses. Pour combler les rides, de multiples injectables font leur entrée sur la scène de la nouvelle médecine esthétique. L’ophtalmologue canadien Jean Carruthers découvre, par hasard, l’effet sur les rides de la toxine botulique, en l’injectant dans la zone inter-sourcillère : la folie Botox® est lancée (voir notre zoom). Toujours parmi les biodégradables, l’acide hyaluronique arrive en 1997.
Ses injections ne doivent être renouvelées que tous les six mois et il donne de meilleurs résultats que le collagène sur les rides superficielles. Des semi-biodégradables font également leur apparition, le New Fill®, Radiesse® ne nécessitent un traitement que tous les deux à trois ans. Last but not least, les non-biodégradables permettent du « one shot » : Artecoll® ou Dermalife®. C’est la maturité des injectables. Ils offrent aux femmes une panoplie de choix avec peu d’effets secondaires (légers gonflements post-séance voire quelques bleus). Elles peuvent reprendre une vie sociale et personnelle très rapidement après une session. Dans le même temps, on s’ancre dans une ère de matériovigilance, très attentive à l’ensemble des effets secondaires possibles de ces injections. Leurs effets indésirables doivent être clairement énoncés par le praticien. Transparent devant l’Éternel.