Il est loin le temps où Descartes se figurait l’animal comme une machine avec ses organes solidaires et fonctionnant par le seul moyen d’un mécanisme interne. Cette sortie de l’animal du champ de l’esprit et à fortiori de celui de l’âme aura permis à l’homme d’étendre et de maintenir sa domination sur la nature.
Maintenant que d’innombrables espèces ont disparu et que nous sommes entrés dans une ère de récession des ressources, on pourrait attendre une sorte de restauration de la valeur des animaux. Sans doute qu’elle existe en partie. Mais que penser de cette tendance contemporaine à leur faire profiter ce ces habitudes bien trop humaines du régime, du sport et de la chirurgie esthétique.
Comme ces propriétaires de chiens coréens qui les emmènent se faire liporer ou tailler les oreilles. Nous ne sommes ni pour ni contre mais on peut s’interroger. Il y a sans doute une pertinence à surveiller l’alimentation de son animal dans la mesure même où celle-ci comme chez nous impacte sa santé. Lui faire faire du sport, oui évidemment, les sorties et les jeux en plein air étant des activités physiques bonnes aussi pour son bien-être, il n’est pas nécessaire de l’amener avec soi en salle de fitness.
Mais la chirurgie ? Enfin, une chirurgie des paupières à un chien. Quel est l’objectif ? Pas l’objectif physique, l’objectif derrière. Dire que l’animal a lui aussi droit à la beauté(remarquez il y a des concours de beauté pour chiens ou chats) ou nous dire peut-être que l’animal a une « personnalité » à part entière.
Le débat serait long pour savoir si l’on doit prendre le « tempérament » d’un animal( tel chat est doux, un autre agressif, indépendant etc…) pour des preuves d’une authentique personnification de l’identité. Ce qu’on pourra dire, en revanche, que bien loin de lui faire conquérir un statut privilégié, ce genre de pratiques ressemble plus à la manifestation du narcissisme du propriétaire.
Faire subir une lipoaspiration à son chien, c’est plus le considérer comme un des objets de son monde et donc comme une propriété que comme le signe d’une compréhension de l’animal comme un être à part, avec son ipséité et les attributs de l’individu qui peut se penser libre.